Dylan Ifrah
Rédacteur
Via Zach Gross
Quiconque qui passe du temps sur les réseaux sociaux a certainement déjà vu cette affirmation : les Juifs israéliens (et par extension tous les Juifs) seraient des colons dans un État néo-colonial sans lien historique avec la terre d'Israël. Ce récit, qui parle d'une installation violente et forcée des Juifs ayant entraîné le déplacement des Arabes de la région, est l'une des narrations les plus persistantes et tenaces à émerger des récents conflits. Bien que cette idée ne soit pas nouvelle, elle est devenue très répandue dans les cercles anti-sionistes, au point d'être acceptée comme une vérité absolue. Ces allégations sont-elles fondées ? Les Juifs israéliens sont-ils réellement des imposteurs sans aucun lien avec Israël?
La réponse à cette question, qu'elle soit historique, religieuse, culturelle ou linguistique, est sans équivoque : non. Le peuple juif entretient un lien profond avec la terre d'Israël qui s'étend sur plusieurs civilisations, empires, continents, et sur plus de 3500 ans.
La majorité des historiens s'accordent à dire que les anciens Israélites étaient présents sur la terre d'Israël dès le deuxième millénaire avant J.-C. Les historiens reconnaissent également, bien que les détails soient fragmentaires, l'existence d'un Royaume uni d'Israël, qui s'est ensuite divisé en deux royaumes distincts, au nord et au sud. Ces deux royaumes ont été respectivement conquis par l'Empire néo-assyrien en 722 avant J.-C. et par l'Empire néo-babylonien en 586 avant J.-C., après quoi les Juifs ont vécu sous différentes occupations.
L'archéologie atteste également de la présence juive dans cette région. La mention la plus ancienne du mot « Israël » se trouve dans la stèle de Mérenptah, datée de 1209 avant J.-C., dans laquelle le pharaon Mérenptah déclare avec fierté : « Israël est dévasté, sa semence n'existe plus. » L'ironie de cette déclaration est évidente... La construction du tunnel d'Ézéchias, reliant la source du Gihon (source d'eau de Jérusalem) à la piscine de Siloé, est mentionnée dans les livres bibliques des Chroniques (2 Chroniques 32:2-4) et des Rois (2 Rois 20:20), et les archéologues modernes estiment qu'il a été construit au IXe siècle avant J.-C.Ces exemples ne représentent qu'une fraction des nombreuses découvertes archéologiques. L'Autorité des antiquités d'Israël, chargée de la gestion de l'archéologie dans le pays, possède des milliers d'artefacts de l'histoire juive, tels que des pièces de monnaie, des menorahs, des fresques, et bien plus encore, datant de milliers d'années.
Malheureusement, un fait historique regrettable est que les Juifs ont été régulièrement expulsés de leur terre et contraints à l'exil par les Babyloniens, les Perses, les Grecs et, plus récemment, les Romains en 70 après J.-C. L'expulsion des Juifs par les Romains après la destruction du second temple, dont les ruines représentent peut-être le plus grand vestige archéologique juif existant, a forcé les Juifs à s'installer dans divers pays à travers l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Dans ces nouvelles terres, les Juifs ont continué à aspirer à la terre d'Israël, comme ils l'avaient fait des siècles plus tôt à Babylone (voir : Psaume 137).
En exil, les Juifs étaient souvent marginalisés par les cultures dominantes des pays où ils résidaient. Cette marginalisation les a souvent obligés à vivre dans des communautés isolées et à restreindre leurs perspectives professionnelles. C'est dans ce contexte que les Juifs de la diaspora ont commencé à développer de nouvelles langues et dialectes juifs. Des langues comme le yiddish et le ladino (judéo-espagnol) sont basées sur les langues locales de l'époque – l'allemand médiéval dans le cas du yiddish et l'espagnol dans le cas du ladino. Ces langues sont constituées de centaines de mots empruntés à l'hébreu et à l'araméen. De plus, l'hébreu est resté la langue liturgique et de correspondance religieuse des Juifs du monde entier, et était souvent utilisé pour la communication entre des communautés éloignées. Cet héritage linguistique de la terre d'Israël, que la plupart des Juifs n'avaient pas vue depuis près de deux mille ans, renforce encore le lien historique des Juifs avec la terre d'Israël.
À la lumière de ces preuves historiques et archéologiques de la présence juive en terre d'Israël, de leur expulsion forcée par de nombreux envahisseurs étrangers, et de leur lutte de deux mille ans pour revenir, peut-on vraiment qualifier les Juifs de colonisateurs ?
Définissons ce qu’est un colonisateur. Selon le dictionnaire Merriam Webster, un colonisateur est « un pays qui envoie des colons dans un endroit et y établit un contrôle politique ». Par extension, un colon ou colonisateur est un individu envoyé par cette puissance colonisatrice pour s'installer et exploiter la terre au profit de cette puissance.
Or, la puissance étrangère présente en Israël avant sa création était le Royaume-Uni, qui exerçait effectivement un contrôle politique sur la région. Cependant, il n’a pas envoyé de colons britanniques ou anglais pour s’installer en terre d’Israël.
En réalité, les autorités britanniques ont fait tout leur possible pour empêcher les Juifs de se rendre en terre d’Israël pendant leur période de domination, et bien sûr, aucun Anglais n’a été envoyé pour coloniser et exploiter la terre. Au lieu de cela, le Royaume-Uni a renoncé à son mandat et a demandé à l’Organisation des Nations Unies de résoudre le problème dans la région. Ainsi, les Juifs qui sont revenus en Israël, venus de toutes parts, ne sont pas arrivés en tant que colonisateurs, mais en tant que peuple autochtone retournant dans la patrie qu’ils avaient été forcés de quitter près de deux mille ans plus tôt. En effet, les Juifs qui sont arrivés, et continuent d’arriver, réalisent le rêve de retour de millions de Juifs avant eux.
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